LIRE et ECRIRE DES POEMES AVEC LES MATHEMATIQUES

 

 

Extrait de :

Usage poétique de la langue Cycle3 de Annie CAMENISCH et Edith WEBER

Bordas (Enseigner aujourd’hui), 2001.

 

Support : Euclidiennes de GUILLEVIC, Poésie/Gallimard, 1967.

 

Préalable :

Dans la semaine qui précède les activités collectives, les élèves découvrent individuellement, à divers moments de la semaine, le recueil Euclidiennes afin d’en trouver le principe de fonctionnement global : l’association d’un poème à une figure géométrique. Chaque élève est invité à relever dans les poèmes un mot qui appartient, selon lui, au domaine des mathématiques et à noter le mot dans le vers ou groupe de vers où il apparaît.

Déroulement :

Etape 1 :  

Après une découverte de la couverture du recueil, les élèves explicitent le principe de fonctionnement du recueil. A partir des mots relevés, on établit un petit lexique collectif des mots mathématiques du poète, accompagnés des vers où ils apparaissent.

 

CÔTÉ (nom masculin) :

Chacun de tes côtés

s’admire dans les autres.

(« Carré »)

 

On peut ensuite comparer cet emploi poétique des mots mathématiques connus à leur contexte d’utilisation habituel (cahier ou manuel de mathématiques).

Etape 2 :  

Cette activité se mène après des apprentissages en géométrie sur les triangles. La première approche permet de déceler le contenu mathématique tandis que la seconde s’intéresse plutôt à la structure poétique.

Travail en groupes : chaque groupe se voit proposer une enveloppe contenant des photocopies de poèmes (corps de texte sans le titre) sur les triangles (« triangle isocèle », « triangle scalène », « triangle équilatéral », « triangle rectangle »), les représentations des figures géométriques correspondantes et les titres. D’autres figures peuvent être utilisées selon le programme de mathématiques. Il s’agit d’associer les poèmes à une figure et à son nom. Les élèves soulignent dans le poème ce qui leur permet de faire l’association.

Une mise en commun permet de confronter et de justifier les points de vue, de lire les indices qui ont permis de formuler des hypothèses et de vérifier dans le recueil. On peut la compléter par une recherche de la définition mathématique des figures que l’on comparera avec les caractéristiques retenues par Guillevic.

Une comparaison entre les poèmes doit permettre de mettre en évidence les points communs et les différences : une même structure énonciative (« je » : c’est la figure qui parle), des vers qui commencent par une majuscule, des strophes de deux ou trois vers, des poèmes de longueur variable.

Etape 3 :  

Le même ensemble de poèmes servira de support pour en lire un ou deux de manière plus approfondie, replacés dans leur contexte à l’aide de la table des matières. Ainsi on peut remarquer que trois triangles se suivent dans l’économie du recueil : triangle scalène, triangle isocèle, triangle équilatéral. Le triangle rectangle apparaît plus loin. Le rapprochement avec d’autres poèmes permet souvent de formuler ou de vérifier des hypothèses de sens. L’observation se mène essentiellement, après délimitation des concepts géométriques, sur ce qui est spécifiquement poétique :

*     la répartition en strophes et le rôle des interlignes

*     la mesure des vers en relation avec les caractéristiques de la figure (vers réguliers pour les triangles « réguliers », libres pour le triangle scalène)

*     la personnification de la figure

*     les jeux de mots (« droit », « égalité », « ordre »)

*     les correspondances entre les poèmes (les triangles isocèle et équilatéral se répondent tant au niveau de la structure qu’au niveau de la notion d’ordre, et ils s’opposent tous les deux au triangle scalène)

Le projet de lecture vise à montrer comment l’utilisation de certaines caractéristiques de la forme géométrique permet d’accéder à une autre « dimension ». Les repérages précédents servent donc d’indices à une interprétation du poème choisi.

Etape 4 :  

Création poétique avec une figure géométrique comme inducteur :

*     choisir une figure géométrique connue (prérequis mathématique)

*     chercher sa définition et ses caractéristiques mathématiques

*     faire surgir les connotations autour de la figure (ce qu’elle suggère, à quoi elle ressemble…)

*     faire une recherche lexicale sur les mots employés pour la définir (synonymie, polysémie, homophonie) ; on peut aussi établir une « corolle lexicale » autour de la figure

*     choisir une structure formelle (en s’inspirant des poèmes étudiés)

*     écrire un texte poétique à partir de ces éléments

Etape 5 :  

Amélioration des effets poétiques en réalisant, au choix, un travail sur la langue, sur la forme poétique (strophes et vers), sur l’imaginaire…

Etape 6 :  

Valorisation et socialisation de la création poétique en l’associant à la représentation de la figure (écriture manuelle, utilisation du traitement de texte et d’un logiciel de dessin), éventuellement en utilisant un support spécial comme du papier millimétré ou en créant un support par collage de pages de vieux manuels de géométrie et/ou de formes géométriques découpées…

Prolongements :

En lecture, un retour au recueil permet de relativiser les observations menées sur les poèmes et de remarquer que les structures énonciatives ne sont pas toujours les mêmes. En pratique de l’oral, chaque élève prépare la diction d’un autre poème du recueil. En objectif d’écoute, les autres élèves doivent retrouver la forme géométrique correspondante.

Intérêt pédagogique :

*     Lire des poèmes dans un recueil : parcours personnel et culturel.

*     Réinvestir des acquis mathématiques (reproduction, description, représentation, construction de figures géométriques).

*     Utiliser un lexique de mots mathématiques dans un double emploi : scientifique et poétique.

*     Construire une interprétation des poèmes à partir d’une comparaison de poèmes et de connaissances poétiques et mathématiques.

Autres supports :

D’autres poèmes du même recueil autour du carré : « carré », « diagonale », « losange »…

 

---

Retour à la bibliographie